Lorsque Rachel est intervenue pour séparer une bagarre dans son quartier, elle était loin d’imaginer que ce geste la conduirait à passer plus d’une année derrière les barreaux — ni qu’elle ferait partie des nombreuses femmes marquées à jamais par les horreurs de la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala.
Arrêtée sans véritable raison et accusée de coups et blessures pour avoir été simplement au mauvais endroit au mauvais moment, Rachel s’est retrouvée prise au piège dans un système judiciaire incapable de la protéger. « Je voulais juste séparer un voisin qui se battait avec un homme, » se souvient-elle. « Mais quand la police est arrivée, l’autre homme a pointé du doigt mon voisin… et moi aussi. Nous avons été arrêtés et immédiatement envoyés en prison. »
Ce qui a suivi tient du cauchemar : un an et cinq mois de détention injustifiée, dans des conditions inhumaines, jusqu’à vivre l’une des nuits les plus sombres de sa vie — la tentative d’évasion de septembre 2024. « Cette nuit-là, vers 2h du matin, des hommes ont forcé les portes de notre pavillon. Il n’y avait pas de lumière. Ils ont commencé à sortir les femmes pour les violer, » raconte Rachel, la voix tremblante. « J’ai été l’une des victimes. »
Alors que les coups de feu retentissaient et que la panique régnait, il n’y a eu ni protection ni secours.Les femmes ont dû se défendre seules. Et les blessures, visibles ou invisibles, restent ouvertes. Malgré la brutalité des faits, aucune aide ne leur a été apportée — ni par l’État, ni par l’administration pénitentiaire. « Ils nous ont donné quelques médicaments de mauvaise qualité, c’est tout. »
La libération de Rachel ne fut pas le fruit de la justice, mais le résultat du travail acharné de Ius Stella et de notre partenaire, le cabinet d’avocats KTF Lawyers. « J’avais déjà été escroquée plusieurs fois par des avocats qui m’ont pris de l’argent sans vraiment m’aider, » confie-t-elle. « Mais quand KTF Lawyers s’est impliqué, j’ai enfin été libérée. »
Aujourd’hui, de retour chez ses parents, elle espère tourner la page. Passionnée par la coiffure, elle rêve d’ouvrir son propre salon. « Je sais tresser, coiffer, poser des mèches et des perruques. Si j’avais mon propre salon, je pourrais vraiment m’en sortir, » dit-elle, une lueur d’espoir dans la voix.
Mais les stigmates sont toujours là — physiques, émotionnels et sociaux. « C’est une vraie honte, » explique-t-elle. « Quand les gens apprennent que tu as été en prison, ils te fuient comme si tu étais porteuse d’une maladie. Surtout après ce qu’il s’est passé pendant l’évasion… les hommes ne veulent même plus t’approcher. »
Son histoire n’est pas un cas isolé. Et en la partageant, nous voulons briser le silence qui entoure les abus en prison, les détentions arbitraires et l’impérieuse nécessité de réforme.
Chez Ius Stella, nous croyons que la justice ne s’arrête pas à une libération. La véritable justice, c’est la reconnaissance, la responsabilité, et la réparation des préjudices subis. C’est pourquoi nous poursuivons notre combat, pour que des personnes comme Rachel soient indemnisées pour les torts subis en prison.
*Rachel est un alias pour protéger l'identité de notre cliente.
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